[Soutenance de thèse] Narges Ghoroubi
Le 19 décembre 2025, Narges Ghouroubi a soutenu sa thèse en épidémiologie:
‘Inégalités face à la Covid-19 en France : rôle du travail durant la première année de pandémie’
Cette thèse a été réalisée sous la co-direction de Myriam Khlat et Emilie Counil.
Jury:
- Barbara Charbotel, professeure, Université Lyon 1 (présidente du jury)
- Joëlle Schwarz, professeure, Université de Lausanne (rapporteuse et examinatrice)
- Stéphanie Vandentorren, directrice de recherche, Santé publique France (rapporteuse et examinatrice)
- Cyrille Delpierre, directeur de recherche, Université Toulouse III Paul Sabatier (examinateur)
- Christophe Paris, professeur des universités-praticien hospitalier, Université de Rennes (examinateur)
- Myriam Khlat, directrice de recherche émérite, Ined (co-directrice de thèse)
- Émilie Counil, chargée de recherche, Ined (co-directrice de thèse)
Résumé:
La pandémie de Covid-19 a mis en évidence de profondes inégalités sociales d’exposition aux risques infectieux et a rappelé le rôle central du travail en tant que déterminant social de santé. Cette thèse analyse les différences socioprofessionnelles dans le risque d’exposition potentielle au SARS-CoV-2 en lien avec le travail, ainsi que la manière dont ces expositions ont contribué aux inégalités sociales face à la Covid-19 en France, en 2020.
Premièrement, à partir des enquêtes Conditions de travail 2019 et SUMER 2017 menées avant la pandémie, nous identifions les profils socioprofessionnels potentiellement les plus exposés au SARS-CoV-2 au travail. Les travailleuses et travailleurs dit·e·s « essentiel·le·s » apparaissent particulièrement vulnérables dans les conditions de travail habituelles : exposition fréquente à des risques infectieux, contacts fréquents avec le public et surreprésentation dans les milieux sociaux défavorisés.
Deuxièmement, nous examinons le rôle de l’exposition liée au travail dans les disparités d’infection entre les classes d’emploi, en mobilisant les deux premières vagues de la cohorte EpiCoV. L’analyse de médiation Karlson-Holm-Breen montre que l’exposition professionnelle augmente le risque d’infection dans toutes les classes par rapport à la classe d’emploi la plus qualifiée, bien que le schéma des disparités varie selon le niveau de circulation virale régional.
Troisièmement, nous étudions l’effet du statut de travailleur·se essentiel·le sur les inégalités d’infection selon le genre et les origines migratoires, en mobilisant également les deux premières vagues d’EpiCoV. La décomposition non linéaire révèle des inégalités d’infection selon ces deux dimensions et un double fardeau pour les femmes, accentué par le statut migratoire : surreprésentation dans certains emplois essentiels, notamment de soins, et surrisque d’infection, surtout dans les classes d’emploi les moins qualifiées.
Ces résultats soulignent le rôle de la sphère professionnelle dans l’amplification des inégalités sociales au cours de la pandémie de Covid-19.