Actualités posté le 19 DéC 2025

[Soutenance de thèse] Eugenia Alcalde

Le 6 juin 2025, Eugenia Alcalde a soutenu sa thèse en santé publique:

‘Du symptôme à la prise en charge de la dépression : un parcours façonné par le genre et la position sociale ‘

Cette thèse a été réalisée sous la direction de Laurent Rigal.

Jury:

  • Bruno Falissard, mathématicien et psychiatre, CESP (président)
  • Emilie Courtin, professeure associée, LSE (rapporteur)
  • Stéphane Cullati, sociologue et épidémiologiste social, Université de Fribourg (rapporteur)
  • Michelle Kelly-Irving, directrice de recherche, CERPOP (examinateur)
  • Laurent Rigal professeur, CESP (directeur de thèse)

Résumé:

En France, comme dans de nombreux pays, les femmes et les personnes socialement défavorisées sont plus touchées par la dépression que les hommes et les personnes favorisées. Ces écarts s’expliquent en partie par des conditions de vie plus difficiles. Toutefois, deux paradoxes persistent : le suicide est une « affaire » d’hommes et les personnes défavorisées consomment plus de psychotropes sans voir leur fardeau dépressif diminuer. Cette thèse vise à mieux comprendre ces paradoxes en adoptant une approche qui considère les différentes étapes de la dépression comme un parcours logique. Les données de la cohorte Constances et du SNDS sont mobilisées. La première partie explore les manifestations symptomatologiques via l’échelle CES-D par une approche de réseaux psychométrique. Elle met en évidence des différences dans les configurations symptomatiques et leur lien avec un éventuel diagnostic et l’auto-reconnaissance de l’épisode dépressif, selon le sexe et la position sociale. Certains résultats suggèrent des biais dans le jugement clinique pouvant contribuer au sous-diagnostic de la dépression chez les hommes. La deuxième partie analyse l’initiation des antidépresseurs (AD) et les trajectoires des doses. À dépressivité égale, les hommes, les personnes diplômées du supérieur et celles sans difficultés financières initient moins souvent un AD que les femmes et leurs homologues défavorisés. Ensuite, une fois le traitement initié, la majorité suit des trajectoires de doses constantes, mais certains groupes, notamment ceux vivant dans des zones socialement défavorisées, démarrent à des doses élevées, soulevant des interrogations sur l’accès à un dosage approprié. Par ailleurs, certaines femmes suivent des trajectoires à faibles doses, suggérant une surmédicalisation de leur détresse. La troisième partie s’intéresse à la discontinuation des AD sous un prisme intersectionnel, en mobilisant des modèles de survie dans le cadre de l’approche MAIHDA. Cette étude met en lumière le rôle des contextes sociaux issus des intersections entre sexe, niveau de diplôme, origine géographique et génération. Elle montre que la discontinuation d’un AD est socialement façonnée, les groupes cumulant des positions défavorables ayant tendance à arrêter plus rapidement leur traitement. En conclusion, notre approche apporte un regard global sur comment le genre et le social s’articulent à travers les différentes étapes de la dépression. Certains mécanismes sociaux et de genre identifiés permettent de complexifier la manière dont on considère les constats statistiques sur les ISS dans la dépression.

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