Actualités posté le 19 DéC 2025

[Soutenance de thèse] Léna Silberzan

Le 12 décembre 2025, Léna Silberzan a soutenu sa thèse en épidémiologie :

‘An intersectional perspective on social inequalities in arterial hypertension’

Cette thèse a été réalisée sous la co-direction de Michelle Kelly-Irving et Nathalie Bajos.

Jury:

  • Anne McMunn, professeure, University College London (rapportrice)
  • Laurent Rigal, professeur, CESP, Université Paris-Saclay, INSERM (rapporteur)
  • Charles Agyemang, professeur, Université d’Amsterdam (examinateur)
  • Anne Gosselin, chercheuse, INED-Institut National d’Etudes Demographiques (examinatrice)
  • Michelle Kelly-Irving, directrice de recherche, CERPOP, INSERM (directrice de thèse)
  • Nathalie Bajos, directrice de recherche, Iris, EHESS, INSERM (co-directrice de thèse)

Résumé:

L’hypertension artérielle (HTA) constitue l’un des principaux facteurs de risque de mortalité et de morbidité à l’échelle mondiale, responsable chaque année d’environ 10 millions de décès prématurés et de 235 millions d’années de vie perdues ou vécues avec une incapacité. Elle touche près d’un adulte sur trois, y compris dans les pays à hauts revenus, et sa prise en charge demeure insuffisante lorsqu’on l’évalue à travers le modèle de la « cascade de soins » (de la prévalence au contrôle en passant par la connaissance et le traitement). La prévalence comme le suivi des étapes de la cascade de soins varient selon le genre, l’âge et la position socio-économique et, dans certains contextes nationaux (États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Pays-Bas), selon l’appartenance ethnoraciale ou le statut migratoire. Des approches récentes, mobilisant le cadre de l’intersectionnalité, soulignent l’importance d’analyser conjointement plusieurs dimensions sociales afin d’identifier les sous-groupes les plus défavorisés face à l’HTA et à sa prise en charge. En France, où plus d’une personne sur trois est concernée, moins des deux tiers connaissent leur diagnostic, les trois quarts des personnes diagnostiquées reçoivent un traitement et seule la moitié d’entre elles atteint le contrôle tensionnel ; si certains déterminants sociaux ont été étudiés, aucune analyse en population générale n’a jusqu’à présent intégré l’appartenance ethnoraciale ou le statut migratoire. Dans ce contexte, cette thèse vise à explorer les inégalités sociales de l’HTA et de sa cascade de soins au prisme de l’intersectionnalité, en mobilisant les données en population générale de la cohorte CONSTANCES (2012–2021), appariées au Système National des Données de Santé (n = 205 203). Les analyses, inscrites dans une perspective intersectionnelle et mobilisant à la fois des approches classiques (stratification, interaction) et des méthodes innovantes, mettent en évidence des inégalités sociales et ethnoraciales marquées : les personnes originaires d’Afrique subsaharienne et des départements et régions d’outre-mer (DROM) ayant une position socioéconomique plus défavorable présentent les niveaux de pression artérielle les plus élevés, tous âges et genres confondus, tandis que les individus avec une position socioéconomique plus favorable originaires d’Afrique du Nord, d’Asie ou d’autres régions présentent les niveaux les plus bas. Les obstacles dans la cascade de soins diffèrent selon les groupes, les femmes d’Afrique subsaharienne rencontrant des difficultés à atteindre le contrôle tensionnel malgré un traitement, tandis que c’est à l’accès au traitement que les femmes européennes et les hommes asiatiques qui connaissent leur diagnostic rencontrent des obstacles. Enfin, ce travail propose un regard critique sur le modèle de la cascade de soins qui, tout en constituant un outil essentiel de santé publique, comporte des biais socialement situés. Ces résultats contribuent à une meilleure identification des populations les plus vulnérables face à l’hypertension et ouvrent de nouvelles perspectives pour une prise en charge plus équitable.

Top